« Si les récitals de Roland Dyens furent toujours des événements, ils étaient de véritables chocs »
Né le 19 octobre 1955, l’interprète, compositeur, arrangeur et improvisateur français Roland Dyens commence l’étude de la guitare à l’âge de neuf ans. Quatre ans plus tard, il devient l’élève du Maître espagnol Alberto Ponce dans la classe duquel il obtient, en 1976, la Licence de Concert de l’École Normale de Musique de Paris. Parallèlement à ses études instrumentales, Roland Dyens suit également le précieux enseignement du compositeur et chef d’orchestre Désiré Dondeyne (classe d’écriture) auprès duquel il lui sera décerné un 1er Prix d’Harmonie, de Contrepoint et d’Analyse. Parmi les distinctions majeures qu’il obtiendra dès le début de sa jeune carrière, notons le Prix Spécial du Concours International Città di Alessandria (Italie) ainsi que le prestigieux Grand Prix du Disque de l’Académie Charles-Cros, tous deux obtenus lors d’hommages rendus à Villa-Lobos.
Également lauréat de la Fondation Menuhin, Roland Dyens fut classé à 33 ans par le magazine Guitarist parmi les meilleurs guitaristes mondiaux, tous styles confondus. Le 30 septembre 2006, il a reçu la «Chitarra d’Oro 2006» pour l’ensemble de son œuvre par la Présidence du Concours International Città di Alessandria. C’est cette même année qu’il rejoint les Productions d’OZ. L’année suivante, en 2007, il lui revient l’honneur d’être le compositeur de la pièce imposée au très prestigieux Concours International GFA (Guitar Foundation of America) qui, cette année, se déroule à Los Angeles. Notons qu’à ce jour, cet événement guitaristique mondial aura consacré trois élèves de Roland Dyens au Conservatoire de Paris en l’espace de 6 ans. C’est en octobre de la même année et au cours de sa tournée d’automne en Amérique du Nord, que la presse canadienne le consacre en lui attribuant 5 étoiles pour son récital de Winnipeg du 6 octobre.
C’est la deuxième fois qu’un fait similaire se produit dans les annales musicales du Quotidien Winnipeg Free Press depuis sa création en 1872. Le 27 juillet 2008, l’Italie consacre de nouveau son œuvre avec le «Premio per la Composizione» lors du 2e Festival International Città di Fiuggi, près de Rome. Quelques mois plus tard, il lui revient l’honneur d’être choisi pour écrire et diriger la musique d’ensemble qui commémorera le 20e anniversaire de la prestigieuse Association des Ensembles de Guitare au Japon. «Soleils levants» verra le jour le 9 novembre 2008 au Nakano Main Hall de Tokyo. Le 21 janvier 2010, Roland Dyens sera le seul guitariste classique invité à participer à l’hommage rendu au grand Django Reinhardt à l’occasion du centenaire de sa naissance lors d’un concert donné par 100 guitaristes au Théâtre du Châtelet à Paris. Et en 2011, c’est dans le cadre du prestigieux Festival International de la guitare de Cordoue que la presse espagnole titre «Roland Dyens, El mago de la guitarra» (le magicien de la guitare) lui attribuant à son tour les convoitées 5 étoiles au lendemain de son récital du 12 juillet. Parmi les compositeurs encore vivants, Roland Dyens occupa la position la plus élevée au «Top 100» des oeuvres originales pour guitare les plus enregistrées au monde à ce jour.
D’ailleurs, 3 de ses pièces font officiellement partie de ce classement, fruit du remarquable ouvrage éponyme publié en 2013 par le musicologue canadien Enrique Robichaud. Il se partagea aux quatre coins du monde entre les concerts, la composition et l’enseignement. Cette triple alliance fut le socle même de l’indiscutable succès de ce musicien en constante évolution. Si les récitals de Roland Dyens furent toujours des événements, ils étaient de véritables chocs pour les uns ou – comme disent les américains – de «very inspiring experiences» pour d’autres. Certains, plus étrangers à l’instrument, parlaient même de profonde «réconciliation» avec la guitare classique... L’approche hyper-sensible et colorée qu’avait Roland Dyens de celleci, son incontestable ouverture d’esprit associant toutes les musiques en un seul et même programme, sa façon d’être sur scène, son improvisation d’entrée ou son rapport unique à l’auditoire faisait de lui l’un des porte-drapeaux de la guitare contemporaine, le plaisir en plus. Sa musique, chevillée depuis déjà longtemps au répertoire de l’instrument, fit de lui un membre du club restreint des guitaristes pouvant jouir d’un tel privilège.
Ses compositions et ses arrangements, joués aujourd’hui dans le monde entier, font l’unanimité et apportent un souffle nouveau sur cette guitare dont il repousse sans cesse les limites. Si, enfin, les master-classes de Roland Dyens rassemblaient un public de plus en plus nombreux, c’est autant à la teneur d’un discours riche et novateur qu’on le doit qu’à la sincère proximité de l’homme qu’il fut avec les guitaristes de la jeune génération. Avec eux, en effet, il n’était désormais plus question de confrontations formelles mais de rencontres heureuses centrées sur la qualité et l’émotion. Professeur au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, Roland Dyens nous a quittés le 29 octobre 2016.
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